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Le gouvernement compte sur les pseudos excédents de la Sécurité
sociale pour masquer le déficit public.
Martine
Aubry devrait annoncer, lundi 22 mai, que le régime général a atteint
l’équilibre en 1999. Les milieux gouvernementaux se réjouissent de cette amélioration
des comptes de la sécurité sociale, qui devrait permettre de masquer l’ampleur
du déficit public. Néanmoins, cette
embellie conjoncturelle représente une goutte d’eau eu égard à l’endettement
précédemment accumulé par les régimes sociaux et à leurs besoins de financement
futurs.
Lors de la prochaine réunion de la
Commission des comptes de la Sécurité sociale, Martine Aubry devrait annoncer
que le régime général a atteint l’équilibre en 1999. Cette amélioration, qui
tient à des rentrées de cotisations dynamiques et à une évolution favorable des
dépenses de santé, devrait se poursuivre tant que la conjoncture restera
favorable. Il est ainsi fait état d’excédents prévisionnels d’une dizaine de
milliards en 2000 et d’une soixantaine de milliards en 2001 (0,7% du PIB).
L’amélioration des de la Sécurité
sociale est conjoncturelle.
Ces résultats représentent une
aubaine pour les pouvoirs publics puisqu’ils permettraient de réduire le
déficit public prévisionnel sans remettre en cause le déficit de l’Etat. A
titre d’illustration, la récente lettre de cadrage budgétaire prévoit de
ramener le déficit public de 1,7% du PIB en 2000 à 1,2% du PIB en 2001. Cette
amélioration reposerait essentiellement sur l’embellie des comptes sociaux,
tandis que le déficit de l’Etat ne diminuerait que de façon marginale. A 195
milliards, ce dernier baisserait à peine de 0,1% du PIB. Précisons en outre que
cette amélioration cosmétique pourrait être acquise moyennant un tour de
passe-passe : arguant de l’embellie conjoncturelle des comptes sociaux,
l’Etat compte en effet remettre en cause tout ou partie de ses transferts
financiers vers les administrations de Sécurité sociale (192 milliards en
1999). Si cette voie était choisie, nous nous préparerions des lendemains qui
déchantent. A défaut de résorber de façon drastique nos déficits publics
structurels, comme le font nos partenaire, la France de deviendrait la lanterne
rouge européenne en matière de déficit et ne pas pourrait pas stabiliser sa
dette publique en cas de retournement de conjoncture. En outre, le recyclage
étatique des recettes conjoncturelles de la sécurité sociale serait d’autant
plus dangereux que la dette des régimes sociaux n’a pas été apurée et que les
dépenses associées au vieillissement n’ont pas été provisionnées.
La dette sociale n’a toujours pas été remboursée.
Il faut souligner qu’il est
nécessaire de relativiser l’importance des excédents, avérés ou prévisionnels,
des comptes sociaux. En effet, ils sont en partie fictif dans la mesure où les
partenaires sociaux n’assument plus la gestion de leurs déficits antérieurs.
Ceux-ci ont été confiés à une structure ad hoc, la Caisse d’amortissement de la
dette sociale (CADES). Cet établissement public, crée par Alain Juppé en 1996,
est encore endetté à la hauteur de 200 milliards de francs. Financé notamment
par la CRDS, il devrait fonctionner jusqu’en 2014 puisque Lionel Jospin a
prorogé sa durée de vie 5 ans. Aussi, au lieu de mettre à profit les excédents
conjoncturels de la Sécurité sociale pour financer le déficit de l’Etat, il
vaudrait mieux rembourser par avance la dette sociale, supprimer la CRDS et
éteindre la CADES. Or, le gouvernement se refuse à une telle démarche qui le
priverait d’une manne fiscale et de facilités financières conséquentes. En effet
la CADES représente une double aubaine : d’une part elle est financée par
une CRDS qui rapporte 28 milliards en 1999 ; d’autre part l’établissement
public dispose d’une trésorerie positive qui permet de masquer l’ampleur du
déficit de l’Etat vis-à-vis de Bruxelles.
Les dépenses sociales liées au vieillissement n’ont toujours été
provisionnées.
De même qu’il serait dangereux
d’employer les excédents de la Sécurité sociale pour financer les dépenses
courantes tant que la dette sociale n’a pas été apurée, il serait irresponsable
de se livrer à un tel tour de passe-passe tant que les retraites n’ont pas été
provisionnées. Il est acquis qu’à partir de 2005, le nombre de retraités
augmentera sensiblement. Cette évolution démographique aura un effet direct sur
les comptes de l’assurance vieillesse (moins de cotisants, plus de
bénéficiaires), mais aussi sur ceux de l’assurance maladie. Elle pourrait en
outre avoir un effet indirect sur l’ensemble de l’économie puisque d’aucuns
prédisent que le vieillissement s’accompagnera d’un ralentissement de la
croissance. Dans ces conditions, il serait judicieux de provisionner dès à
présent le choc démographique en permettant aux futurs retraités de
capitaliser. Aussi, au lieu d’utiliser les excédents conjoncturel de la Sécurité
sociale pour financer le déficit public, il vaudrait mieux les restituer aux
français, afin qu’ils puissent épargner en prévision de leurs vieux jours. Or,
là encore, l’actuel gouvernement refuse de consentir à une telle évolution. Il
propose en effet de s’approprier directement et indirectement les excédents des
organismes sociaux, moyennant le reversement d’une partie des excédents sociaux
et le placement du solde dans un fonds de réserve collectif.
Il existe donc un risque bien réel
que le gouvernement de Lionel Jospin ne mette à profit l’embellie temporaire
des comptes sociaux pour financer les déficits de l’Etat sans procéder aux
réformes structurelles. Cette attitude, pleinement rationnelle à l’approche des
élections, n’en serait pas moins irresponsable à long terme. En effet, elle
reporterait le coût financier des réformes de l’Etat et de la Sécurité sociale
sur les générations à venir.
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