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Retraites complémentaires : le MEDEF focalise
les critiques tandis que la baisse des pensions CREF ne suscite aucune réaction.
Une
fois de plus, l'actualité vient d'illustrer les limites du paritarisme. Jeudi
25 janvier, les syndicats de salariés ont réuni entre 200.000 et 400.000
manifestants pour la défense du "droit à la retraite à 60 ans sans
abattement, l'amélioration des conditions de départ anticipé à la
retraite" et le pouvoir d'achat des retraités. Chacun sait que ce
programme, fort généreux, n'est pas compatible avec la situation financière
des régimes de retraite par répartition. Les syndicats en ont parfaitement
conscience, mais ils préfèrent multiplier les surenchères politiciennes
contre le MEDEF plutôt que d'affronter la réalité en face. Démonstration.
Jeudi
dernier, tous les syndicats de la fonction publique s'étaient joints à ceux du
privé pour manifester leur opposition au programme de sauvetage des retraites
complémentaires proposé par le MEDEF. Tous … sauf l'UNSA qui manquait à
l'appel. Les dirigeants de se syndicat ont préférer sécher le rendez vous
unitaire. Il faut dire que leur présence aurait gêné au plus haut point les
organisateurs de la protestation anti-MEDEF. Les dirigeants de l'UNSA viennent
en effet de réaliser en grandeur nature l'ajustement dont rêvent les
dirigeants patronaux.
L'UNSA – qui regroupe notamment
les fragment de l'ex FEN – entretient des liens très étroits avec la
Mutuelle Retraite de la Fonction Publique (ex UNMRI FEN). Ces noms ne vous
diront probablement rien, mais cette mutuelle contrôle le Complément Retraite
de la Fonction publique (CREF) qui bénéficie encore d'une assez bonne notoriété.
Le CREF est l'un des deux régimes de retraite complémentaire de la fonction
publique. Il se caractérise par un système mixte : 2/3 en répartition, 1/3 en
capitalisation. Comme PREFON, autre complément retraite ouvert aux
fonctionnaires, CREF bénéficie d'avantages fiscaux conséquents puisque la
totalité des cotisations peut être déduite des revenus imposables. Ce privilège,
octroyé en 1992 par René Teulade, n'a pourtant pas permis de préserver l'équilibre
financier de CREF. Victime du vieillissement, ce complément retraite voit sa
base de cotisants s'éroder tandis que le nombre de pensionnés ne cesse de croître.
Le pire est à venir puisque de 6 cotisants pour un pensionné aujourd'hui, ce régime
passera à 2 cotisants pour un retraité en 2020. Pour éviter la faillite de ce
complément par répartition, les gestionnaires du CREF ont donc dû se résoudre
à des mesures drastiques. Le 30 octobre dernier, ils ont décidé unilatéralement
de rogner les droits acquis par les 370.000 cotisants encore en activité et de
diminuer de 16% les prestations versées aux 70.000 pensionnés. Ce faisant, ils
sont allés nettement plus loin que les actuelles propositions du MEDEF pour les
retraites complémentaires du privé. Voilà pourquoi les dirigeants de l'UNSA
– qui ont incité des centaines de milliers de fonctionnaires à investir dans
dispositif par répartition dont la pérennité est remise en cause – ont
soigneusement évité de se joindre à la manifestation du 25 janvier.
En revanche, la CFDT, la CFTC, la
CGC et FO ont eu moins de scrupules à appeler à manifester contre le MEDEF. Il
faut préciser que, contrairement à L'UNSA, ils ont la chance de co-gérer
PREFON, complément retraite fonctionnant en capitalisation. Ce régime
facultatif est à l'abri du vieillissement ; les syndicats qui le gèrent n'ont
donc pas eu besoin de d'employer les expédients employés par la CREF en
ajustant à la baisse les prestations promises. Si
la CFDT, la CFTC, la CGC et FO ont été plus clairvoyants que l'UNSA, on
pourra néanmoins leur reprocher un double discours. Ils s'en donnent
aujourd'hui à cœur joie pour stigmatiser l'attitude intransigeante du MEDEF
– qui remettraient en cause les droits "acquis" par les salariés du
privé – alors qu'ils avaient soigneusement évité de commenter et de
critiquer la diminution des pensions du CREF. Il faut dire qu'il est
politiquement correct de critiquer des responsables patronaux et qu'il serait,
en revanche, antisocial de remettre en cause les agissements d'honorables
mutualistes de la fonction publique…
Une pensée enfin pour le MEDEF
qui, une fois de plus, est le dindon de la farce. Comme naguère Juppé et,
avant lui, tous ceux qui ont proposé de "sauver la répartition", les
dirigeants patronaux ont perdu une occasion de s'abstenir. Au nom d'une cause
perdue d'avance, le MEDEF a réussi à faire l'unité syndicale contre lui. Il
est illusoire de croire que l'on pourra consolider la répartition en dépit de
l'immobilisme des syndicats de salariés. Au lieu de se faire les défenseurs
d'ajustements que personne ne veut assumer, les dirigeants patronaux feraient
mieux de se donner le beau rôle et de faire enfin la promotion de la
capitalisation.
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