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Capitalisation : nous sommes tous des sociaux-démocrates
allemands.
Au
lieu de défiler contre le MEDEF, les français syndicalistes hexagonaux
feraient mieux de demander l'asile politique en Allemagne. De l'autre côté du
Rhin, le gouvernement social démocrate vient de lancer un ambitieux programme
de sauvegarde des retraites. A l'approche des élections il fige la répartition
et fait monter en puissance la capitalisation. Pendant ce temps, les capitaux du
fonds de réserve des retraites français s'évaporent.
Pragmatiques,
les rouges-verts allemands libéralisent les fonds de pension.
Le moins que l’on puisse dire,
c’est que les membres de la coalition rouge-verte allemande n'ont pas perdu de
temps. Arrivés au pouvoir il y a deux ans, ils viennent de faire passer au
Bundestag une réforme des retraites introduisant la capitalisation. A partir de
2002, les actifs Allemands pourront investir une portion croissante de leurs
revenus dans des fonds de pensions privés. Leur épargne – fiscalement déductible
– pourra augmenter progressivement dans les 6 prochaines années et atteindre
4% des revenus d'activité en 2008. Majorée par un
abondement de 300 euros pour un couple et de 180 euros par enfant, cette
épargne retraite procurera a terme un complément de retraite équivalant à la
moitié des pensions financées par la répartition. Elle permettra de compenser
le contre-choc démographique et la baisse des retraites par répartition.
Contrairement aux projections françaises, le pouvoir d’achat des futurs
retraités sera préservé - voire accru - sans qu’il soit nécessaire
d’augmenter drastiquement les cotisations retraites pesant sur les actifs. Le
taux de cotisation alimentant la répartition - qui représente aujourd’hui
19,3% des salaires bruts - ne dépasserait pas 21% en 2020 et resterait en
dessous de 24% en 2030. L’économie sera importante puisque, faute de
capitalisation, les autorités allemandes auraient du porter les taux de
cotisation répartition à 30% des salaires bruts pour préserver le pouvoirs
d’achat des retraités.
Dogmatiques,
les socialistes français nous proposent la capitalisation sans fonds.
A l'opposé des rouges-verts
allemands, les représentants de la gauche plurielle française ont fait le
choix de l'attentisme. Soucieux de ne pas froisser leur électorat, ils jouent
la montre et se contentent de multiplier les effets de manche dans l'espoir de
rassurer les français de plus en plus inquiets. Une dizaine de rapports, un
Conseil d'orientation, un fonds de réserve des retraites, tout a été mis en
oeuvre pour faire croire que le gouvernement Jospin agit. Mais au delà des mots
les problèmes ne cessent de s'accumuler. Le dernier en date est croustillant.
Au moment où le gouvernement
social démocrate allemand optait pour la capitalisation individuelle, l'on
apprenait que le schéma du fonds de réserve mis en place par le gouvernement
Jospin était remis en cause. Cette capitalisation collective, censée monter en
puissance progressivement et atteindre 1000 milliards en l'an 2020, devait être
alimenté par le produit de la cession des licences téléphoniques UMTS. Or,
cette privatisation tourne au fiasco. Le gouvernement français vient en effet
de se faire piéger à son propre jeu. Soucieux de maximiser ses recettes, tout
en se démarquant des méthodes de cession anglo-saxonnes, il avait souhaité déterminer
à l'avance le prix de vente des licences. Au lieu d'organiser un processus de
vente aux enchères, il a arbitrairement fixé le prix d'une licence UMTS à
32,5 milliards de francs. Mais les opérateurs téléphoniques, échaudés par
le retournement des valeurs technologiques, jugent aujourd'hui ce tarif
prohibitif. Suez Lyonnaise des Eaux vient de décliner l'offre gouvernementale
et Bouygues Telecom pourrait emboîter le pas. Bilan : en quelques mois, le
fonds de réserve des retraites s'est appauvri d'une trentaine de milliards. En
réalité, le manque à gagner est encore plus important puisque cette somme
aurait du être placé et faire des petits… Décidément, à force de tout
vouloir faire différemment des autres, le gouvernement français multiplie les
impasses. Pauvres retraites...
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