La réforme des retraites,
par Gary Becker, prix Nobel d'économie 1992

Un Problème international
Un système par répartition est politiquement mauvais
Un système par répartition est économiquement mauvais.
Les avantages du système individuel privé
Compétitivité et non pas monopole
Cotisations volontaires et non pas obligatoires

Un Problème international

Les problèmes de la retraite par répartition, en France comme aux Etats-Unis, sont communs à tous les pays. Nous allons débattre des alternatives à ce système, des avantages, ainsi que des difficultés que nous devons prendre en compte pour assurer la transition entre un système par répartition et un système de responsabilité individuelle.

C'est la transition qui est préoccupante. Ce serait plus facile si nous avions tous commencé dans des systèmes d'épargne privés. Malheureusement le monde occidental a commencé par la répartition avec Bismarck. Ce système existe depuis 100 ans dans quelques pays d'Europe, depuis 60 ans aux Etats-unis. Le problème est difficile à résoudre. Il y a un aspect politique, et un aspect économique pour effectuer cette transition.

Certains pays d'Asie ont beaucoup de chance, ils n'ont pas de système de retraite à part le plus ancien : la famille. Le système le plus ancien, le plus efficace historiquement est lorsque les enfants s'occupent des parents devenus plus âgés. C'est le cas en Asie et dans de nombreux pays, mais maintenant l'Asie voudrait introduire un système de retraite officiel. Je viens de recevoir une invitation pour une conférence qui doit se tenir en Chine en juin, pour -étudier le système à adopter.

L'Amérique du Sud, les pays tels que le Chili, copiés par l'Argentine et d'autres, ont commencé par la répartition et ils ont fait leur transition, vers un système d'épargne individuelle. C'est l'un des rares domaines de réforme économique où l'Amérique latine a été à l'avant-garde.

Nous sommes en train d'en discuter aux États-Unis, en Europe et ailleurs. Le problème de base est celui des retraités, aggravé par le fait que les taux de natalité vont décroître beaucoup plus en Europe qu'aux États-Unis, beaucoup plus en France qu'aux États-Unis, plus encore en Espagne et au Portugal. Ils sont bas aussi dans les pays asiatiques.

Aux États-Unis, nous avons un taux de natalité qui est assez haut par rapport aux Européens, et les gens vivent plus longtemps. Nous allons être plus longtemps en bonne santé et être également des membres productifs de la société. Le problème à court terme est que le système par répartition doit prélever encore plus de cotisations pour payer les retraités, pendant plus longtemps. Un changement doit donc se faire.

On constate la rapidité de ce changement aux États-Unis. Vous devez savoir que j'étais conseiller du sénateur Dole lors de la dernière campagne de 1996, il nous a dit que la réforme des retraites n'était plus un tabou et j'espère que les politiciens ont appris la leçon. La bataille sera très dure mais elle surviendra car les faiblesses du système actuel sont énormes et ne font que croître.

En général une réforme se produit lorsque les difficultés de la politique gouvernementale sont telles que les lobby, les politiciens qui supportent le système, ne peuvent avoir suffisamment de soutien pour continuer cette politique. C'est la raison pour laquelle nous pouvons espérer que nous allons voir ces réformes se produire.

Un système par répartition est politiquement mauvais

Quel est le problème intrinsèque de la répartition ?

Je ne pense pas que le système lui-même soit en défaut comme on le dit très souvent, mais le problème de base est que c'est un système politiquement mauvais. La répartition ne donne pas de bases fondamentales pour la détermination du montant des retraites, ni pour déterminer à quel âge on peut la prendre.

Ainsi dans tous les systèmes par répartition que je connais, quelle que soit la région du monde, que ce soit l'Amérique latine, l'Amérique du Nord, l'Europe ou les pays asiatiques, alors que la natalité baisse, que la fraction de la population âgée augmente, que d'autres changements se produisent, la répartition continue et la générosité de ce système continue de croître ! L'âge auquel on peut en tirer bénéfice a été réduit, l'importance de ces bénéfices augmente, les cotisations augmentent.

Toutes ces décisions ne sont pas liées au système par répartition. C'est la politique qui détermine ce qui se passe dans la répartition et c'est là un vice fondamental du système. C'est la raison essentielle pour laquelle à travers le monde il y a actuellement de tels problèmes économiques.

Si vous regardez l'activité de tous, les personnes âgées sont beaucoup plus actives politiquement parlant que les autres. Tout d'abord parce qu'elles ont plus de temps, et sont souvent très efficaces. Je connais les autorités aux Etats-Unis, j'ai écrit quelques articles sur les systèmes privés, et les retraités, pour la plupart, commencent à parler de diminuer les bénéfices.

Il sera extrêmement difficile en Europe de convaincre les politiciens de la nécessité d'une réforme radicale du système. L'avantage principal d'un système individuel est, qu'avec ce système, les individus, les familles, épargnent, et lorsqu'ils atteignent un certain âge, ils peuvent retrouver une somme qu'ils peu vent dépenser comme ils veulent, ou qu'ils peuvent convertir en rente. Voilà ce que veut dire un système de comptes individuels.

L'avantage politique d'un tel système est de fournir une base claire pour les retraites, cette base dépendant du montant et de la durée des cotisations. La composition du portefeuille est moins importante, chacun peut choisir, c'est l'avantage d'un système privé. Avec les versements et les intérêts cumulés, à la fin de leur vie active, à 60, 65 ans, ou quel que soit l'âge, les individus disposent d'un certain capital. Ceux qui auront travaillé 40, 50 ans et qui auront payé des cotisations importantes, seront plus riches ayant accumulé un capital déterminant la retraite.

C'est très important puisque nous avons là un système bien défini, une compréhension explicite de la valeur des retraites. A l'inverse avec la répartition il n'y a pas de base claire et nette pour déterminer le montant des retraites et les politiciens peuvent toujours intervenir. Il n'y a pas de protection contre la corruption politique. Dans un système privé il y a une certaine immunité contre une manipulation politique. L'interventionnisme se heurtera à une notion très clairement définie des retraites. Le désavantage fondamental d'un système par répartition est qu'il crée une variété d'autres difficultés.

Un système par répartition est économiquement mauvais.

Quittons maintenant la politique pour voir les aspects économiques.

Quels sont les coûts d'un système par répartition ? J'ai mentionné tout à l'heure que la répartition était en difficulté financière en raison de l'espérance de vie accrue et d'un taux de natalité diminué. Ce sont les facteurs déterminants qui amèneront à des problèmes économiques. Les retraites seront plus importantes lorsque le système sera privé, les bénéfices et les indemnités seront la propriété des individus. Aujourd'hui on parle des retraites comme de bénéfices sociaux, on vous donne des annuités à 65 ans, on vous dit que ces annuités ne vous seront versées que lorsque vous arrêterez de travailler. C'est un concept de retraite totalement différent.

Un système privé fonctionnant parfaitement donne des bénéfices après un certain temps, indépendant de l'âge de la retraite. Les raisons qui font qu'elles dépendent, dans la plupart des pays du monde, de la politique, surtout aux États-Unis et en Amérique latine avant la réforme, conduisent à une retraite à 60 ans et de plus en plus à 55 ans. Ce retrait de la main-d'oeuvre arrive parallèlement à une santé mentale et physique accrues, à une amélioration sans précédent de la longévité. Les améliorations des 40 dernières années sont énormes, si énormes que les personnes qui arrivent à 60 ans deviennent de grands spécialistes, et prétendent qu'il n'y, a pas de limite naturelle de vie saine. Je ne sais pas si c'est vrai, je pense que l'évolution génétique a certaines limites naturelles, mais ces limites sont repoussées de plus en plus, de 20 à 30 ans.

Les personnes âgées sont en meilleure santé aussi bien physique que mentale, ce qui entraîne un changement important. L'économie change, s'éloignant des activités physiques. Aujourd'hui les activités ne sont plus des activités physiques mais intellectuelles, de capital humain. Les compétences sont différentes et tout le monde excelle à tous les niveaux. Lorsqu'on peut travailler et qu'on ne nous oblige pas à nous retirer, notre productivité est grande. L'économie bouge, passant d'une société industrialisée à une société beaucoup plus intellectualisée et il faut encourager ce type d'emploi. Nos systèmes par répartition changent les règles continuellement et poussent de plus en plus les gens à quitter leur activité à la force de l'âge.

L'Europe a toujours été un leader et je vais vous donner quelques exemples. La France n'est pas au mieux mais ce n'est pas le pire. Les pires sont la Belgique et l'Italie. En Belgique les 2/3 des individus de 55 à 65 ans ne travaillent pas, en Italie les 3/4, en France 60 % des personnes de plus de 60 ans. Même chose en Hollande, un peu moins au Royaume-Uni et un peu moins en Allemagne. Les gens devenant plus âgés, veulent partir en retraite, mais sur quels critères ?

Regardons les pays qui ont des niveaux de revenus, une richesse et une culture comparables et une politique différente. L'exemple le plus proche est les États-Unis et le Canada où ces taux sont beaucoup plus bas. Ce n'est pas pour des raisons de santé, les Européens ne sont pas en plus mauvaise santé que les Américains, ils sont même en meilleure santé. Au Japon, autre pays de culture différente, seulement 20 % des Japonais entre 55 et 65 ans ne travaillent pas !

Essayons de voir ce qui pousse à des retraites anticipées. A quel âge peut-on prendre sa retraite, et à quel âge la prend-t-on ? En France par exemple, c'est 60 ans. Je pense que les économistes français ont certainement plus de données que moi, mais en 1972 l'âge de la retraite était de 65 ans, il n'y avait pas de retraite anticipée et en 1983, 60 ans est devenu l'âge moyen auquel on peut avoir une très bonne retraite. Les Français en ont profité. L'autre facteur est : à quel âge pouvons-nous prendre notre retraite, c'est-à-dire optimiser les allocations ? Dans tous les pays cet âge a diminué de plus en plus. La France est quelque part au milieu. Ceci est induit par la politique des autorités.

On peut établir un contraste avec le système d'épargne individuelle. Il n'y a pas de raison pour que lorsqu'on ne travaille pas, on reçoive une rente. On peut avoir une rente à 65 ans et continuer à travailler. Ce sont des décisions tout à fait indépendantes, l'une ne dépend pas de l'autre, et ne dépend pas en tout cas de l'âge de la retraite. Le système d'épargne individuelle va séparer l'âge auquel on touche une rente de l'âge de la retraite. On peut choisir l'âge auquel on veut prendre sa retraite, on doit avoir le choix, par exemple si notre santé n'est pas très bonne.

L'une des conséquences de tout ceci sera que les couches de population plus âgées, seront peut-être obligées de continuer à travailler pour avoir un revenu, pour garder leur travail ou parce qu'ils l'aiment bien. Ils pourraient contribuer au revenu national avec une cotisation pour financer la transition, et la productivité serait augmentée.

C'est une perte majeure pour l'économie dans un marché du travail qui fonctionne bien. La France malheureusement n'est pas dans cette catégorie. La France a un marché du travail qui n'est pas très bon, la libéralisation du marché doit se faire. Je regrette d'être aussi radical mais les gens ont le droit de travailler, s'ils veulent travailler, et là il y aura une contribution de taille. On ne doit pas sous-estimer les contributions potentielles, nous parlons des âges de 55, 65 ans.

L'aspect psychologique est également très important. Un des aspects le plus néfaste de la répartition est les cotisations élevées prélevées. Ces cotisations sont de 20 % en France, dans quelques pays européens les chiffres sont encore plus élevés, 15 % aux États-Unis mais comme Ed Crane l'a dit, si nous continuons de cette façon ce chiffre va s'élever dans les décennies à venir. Ce chiffre est dû au fait qu'il n'y a pas de relation entre la répartition et ce que l'on reçoit lorsqu'on part à la retraite.

On ne peut pas l'appeler une cotisation de retraite, il faut l'appeler un impôt prélevé pour financer les retraites. C'est un impôt assez important et c'est une des raisons pour lesquelles l'Europe a un tel problème, pour créer des emplois. Parallèlement il y a eu une croissance énorme aux Etats-Unis. Cela n'a rien à voir avec les temps modernes ou la technologie moderne, tout ceci a trait à la façon dont le marché fonctionne en Europe. Avec une cotisation de 40 ou 50 % imposée aux entreprises, l'Europe n'a pas d'avenir, à moins de faire des réformes immédiatement.

En répartition la cotisation est un impôt sur le revenu. Dans un système d'épargne individuelle, la retraite n'est pas un impôt mais une épargne, cela ne décourage pas les travailleurs, cela n'encourage pas les marchés parallèles parce que si vous passez au marché parallèle à ce moment là vous perdez les bénéfices.

Les avantages du système individuel privé

Il y a beaucoup d'avantages à passer dans un système individuel privé, mais le problème auquel il faut faire face est celui des engagements envers ceux qui sont à la retraite ou vont la prendre dans les 10 à 15 ans à venir. Comment avoir un système d'épargne individuelle privée, et en même temps faire face à ces obligations. Voilà le problème de transition.

La façon de faire face à ce problème est de s'attaquer à plusieurs composantes. Tout d'abord suivre l'exemple du Chili, en émettant des bons pour expliquer ce que signifie la dette flottante, importante en Grande-Bretagne et en France. Il faut dire qu'elle existe et qu'il faut la réduire. En France ce sont des obligations, aux États-Unis ce sont des bons du Trésor. Il faut s'engager de manière explicite, utiliser les instruments existants pour financer cette transition, et la rendre plus facile.

Une partie des cotisations versées pourrait être des cotisations réelles, non un impôt, et se transformer en épargne. Nous pourrions ainsi réduire les cotisations de la population active jeune, changer les impôts existants. Il ne faut pas dire que c'est une cotisation retraite, et ce n'est pas une raison pour que le financement vienne seulement des cotisations.

Les économistes partent du principe qu'un impôt sur la consommation est un meilleur impôt que l'impôt sur les salaires, et je soutiens ce point de vue. J'ai déjà participé à diverses conférences pour savoir quels étaient les meilleurs impôts. Il faut qu'ils ne soient pas seulement payés par les jeunes, mais par toute la population. Ce serait une meilleure manière de financer la transition et nous réduirions ainsi les sommes qui doivent être payées pour financer le système.

Il faut expliquer quelles sont nos obligations, il faut changer les cotisations, les réduire, faire ressortir les gens des économies souterraines, remettre tout le monde sur le marché du travail. Une combinaison de toutes ces mesures qui sont les mesures réelles, peut être prise sans changement radical, permettant une transition plus facile.

Bien sûr que si on pouvait réduire les dépenses de l'État, se serait encore mieux. Dans mes jours optimistes je pense que nous sommes en mesure de le faire, mais partons du principe que ce n'est pas possible, même si nos gouvernements nous le promettent. Il y a d'autres moyens pour faciliter la transition. Ce problème est un défi, mais pas une impossibilité comme on le prétend.

La transition peut être financée si nous l'abordons de la bonne manière, même sans réduire d'autres dépenses nationales. Elle le serait plus facilement si nous substituions certaines dépenses. Il y aurait certains gains, si les gens avaient des comptes retraite individuels. Ces personnes pourraient acheter des titres, des bons et je pense que le gain serait extrêmement important pour des pays industrialisés comme la France, comme cela a été un gain pour le Chili, qui n'avait pas de marché boursier, mais qui s'est développé. Aux Etats-Unis et en France, nous avons des marchés de capitaux très développés. La plupart des gens épargnent sous d'autres formes, en titres, en actions, en fonds de retraite complémentaire.

Comment faire pour apporter des ajustements marginaux ? Les personnes à faible revenu en tireraient le plus grand bénéfice. Dans un système privé ces personnes pourraient acheter des bons, des obligations du gouvernement, et elles pourraient cotiser à deux systèmes: un système privé et un système par répartition. Plus généralement je pense que le fait que toute la population maîtrisera elle-même sa retraite dans une large mesure, et ne dépendra plus du processus politique. Ceci pour moi est très important, et je pense que la plupart des personnes préfèrent prendre elles-mêmes leurs décisions, contrôler leurs actifs, savoir qu'elles ont 50, 100, 350 ou 500 000 F, quelle que soit la somme.

Je ne sais pas pour la France, mais questions nous obtenir du système américain ? Peut-être rien. On ne nous le dit que très peu, puisqu'il s'agit de fonctionnaires. Ce n'est pas un volontarisme, personne n'est obligé de nous dire quelque chose. Ce serait bien si les personnes pouvaient contrôler elles-mêmes leurs actifs, pouvaient voir leurs propres portefeuilles. Je pense que les gens veulent savoir ce dont ils disposent.

Je voudrais parler de deux autres questions avant de conclure. Souvent les systèmes de retraite privés ont été critiqués. Il a été dit qu'ils étaient chers à gérer. Certaines expériences ont été faites au Chili. Regardez aux États-Unis ou en France, les caisses ne dépensent pratiquement rien, alors que les fonds de retraite dépensent une partie de leurs actifs. Au Chili par exemple, ce n'est pas négligeable.

Compétitivité et non pas monopole

Le système de retraite actuel ne donne rien, il est très facile de réduire les dépenses si l'on ne donne rien en retour. C'est un système de monopole, les individus n'ont pas de choix pour investir leur argent. Tous les monopoles ont la tâche facile lorsqu'il n'y a pas de concurrence. Si c'était bon, nous pourrions peut-être monopoliser toute l'industrie, ce qui a été fait en Europe. Aujourd'hui on a plutôt tendance à privatiser, car les monopoles ont des problèmes considérables. Ce n'est pas bon pour le fonctionnement d'une industrie, qu'il s'agisse des télécommunications, des transports ou des systèmes de retraite. Il faut obliger les sociétés à entrer dans un système de compétitivité, et alors elles innovent, elles investissent, elles fournissent des informations aux individus sur leurs actifs, etc. Cela coûte certes de l'argent, mais ce sont des avantages, non l'inverse.

Je vais vous donner une conclusion encore plus paradoxale. Certains ont étudié des industries avant et après la possibilité de faire de la publicité. L'industrie des verres de lunettes n'avait pas la possibilité de faire de la publicité. La législation ayant changé, elle a pu en faire. Les lunettes auraient dû augmenter, car la publicité coûte cher. La conclusion de l'étude a été une bombe : les États qui ont permis la publicité avaient des prix moins élevés. On s'est alors demandé s'il n'y avait pas un problème d'arithmétique. La publicité est chère, il faut l'ajouter au prix de production et les prix doivent augmenter, ce que pensent la plupart des économistes, mais c'est faux. La publicité a fait diminuer les coûts, en permettant aux entreprises de commercialiser avec plus d'efficacité. En accroissant la production, les prix baissent, même en tenant compte des frais de publicité. Je pense que c'est la même chose pour les comptes de retraite privés, et c'est mieux que le système actuel qui ne nous dit rien.

La question qui se pose est le rendement des actifs. Dans un système privé, sera-t-il plus important que dans un système public monopolisé ? net de toute dépense publicitaire ? Au Chili ou en Argentine, le rendement tenant compte de la publicité est excellent. Le Chili a eu un boom, résultant en partie de la privatisation mais également d'autres facteurs. t'Argentine n'a pas eu ce boom, et la privatisation est en cours depuis 5 ans. Le rendement n'y est pas aussi bon qu'au Chili, mais il est assez bon et il s'améliore. On conseille, lorsqu'on évalue le système de voir quel est le rendement net que ces fonds de pension obtiennent, hors frais de gestion.

Je suis convaincu sur la base des preuves que nous avons accumulées jusqu'à présent, que les avantages de l'entrée dans la concurrence permettent d'avoir des taux très supérieurs à ceux obtenus par un système de monopole. Les systèmes de retraite privés sont pour moi beaucoup plus avantageux que la répartition.

Cotisations volontaires et non pas obligatoires

Un autre aspect que j'aborderai brièvement, est de savoir si les cotisations à ces comptes doivent être obligatoires ou volontaires. Au Chili, au début elles étaient obligatoires, mais tout ceci a été construit de manière très ingénieuse, et cette cotisation obligatoire est progressivement remplacée par d'autres possibilités de cotiser à ces fonds.

Nous voulons faire deux choses. Nous voulons avoir un niveau de retraite correct pour tous, même si les personnes ont été au chômage. Dans la plupart des sociétés on veut être sûr que les personnes âgées obtiennent un niveau de vie minimum. C'est l'une des choses que nous voulons garantir, par des cotisations obligatoires qui diminueront de plus en plus. Pour le reste, je pense que la plupart des personnes épargneront pour leur retraite, d'autant plus qu'il s'agit de leur propre retraite, non pas des cotisations actuellement payées dans le système de répartition, dépensées pour payer la retraite de quelqu'un d'autre.

Les épargnes doivent être déductibles des impôts et J'espère que nous arriverons à un impôt sur la consommation, qu'il n'y aura pas de double taxation comme cela existe aujourd'hui à l'entrée et à la sortie. Il faut un portefeuille que vous aurez choisi vous-même, que vous pourrez évaluer tous les mois. La compétition entre les différentes sociétés qui essaieront de vous vendre des produits moins chers encouragera l'épargne.

J'anticipe sur le fait que la grande majorité de la population épargnera, obtiendra nettement plus que ce que leur promet la répartition. Au moins elle aura épargné par elle-même. Bien sûr il y en aura qui seront exclus de ce système. Il y a toujours une minorité, il faut baser le système sur ce que la majorité de la population veut.

J'ai essayé de parler des divers avantages d'une épargne retraite individuelle, et je suis un très grand partisan de ce système, Même si je parle de divers avantages d'autres systèmes, même si je remets en question certains des avantages de celui-ci ils existent et ils sont énormes.

L'un d'eux est justement, plus en Europe que dans mon propre pays, de vous détourner de plus en plus de votre système politico-économique, de vous en éloigner le plus possible pour ramener tout le monde à la vie active, réduire les cotisations et les taxes, éliminer de plus en plus l'économie souterraine, pour que chacun se rende compte qu'il maîtrise lui-même son avenir, sa vieillesse, comme d'autres aspects de sa vie. Vous ne serez plus les esclaves du système, mais les maîtres de votre vie, et si vous avancez dans cette direction les problèmes de transition seront de plus en plus faciles à résoudre.

Extrait du Bulletin de l'Association pour la Liberté Economique et le Progrès Social (ALEPS)
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